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Communiquer, c'est manipuler ? Arabe   English



"C'est juste un coup de com'." On a tous déjà entendu cette parole, qui veut parfois dire que l'entreprise essayait de nous manipuler pour qu'elle améliore son image, pour qu'elle puisse mieux se remplir les poches. De plus, il nous arrive d'associer la communication à la manipulation, car les manipulateurs communiquent bien pour justement mieux nous avoir. Mais on nous dit aussi que la communication est indispensable au sein d’un couple ou groupe pour qu’on se comprenne. Est-ce une contradiction ? Est-ce que pour bien communiquer, on doit nécessairement manipuler ? Si bien que la communication s’avère être cruciale dans les relations entre les individus, sommes-nous condamnés à manipuler en communiquant ? Le problème est donc le suivant : Le communicant doit-il être un manipulateur ?

- C'est quoi être un communicant et un manipulateur ?

Communicant : une entité (organisation ou homme ex.) qui communique. La communication est la capacité à échanger des informations à l'aide du langage et du code ¹.
Manipulateur : une entité (organisation ou humain ex.) qui manipule. Manipuler, c’est amener quelqu’un insidieusement à tel ou tel comportement, le manœuvrer ².

1. Probleme : Un communicant peut manipuler (et c'est pas cool).

Le communicant peut manipuler. En effet, si l'attaché de presse — qui est un métier de communication — relaie des informations aux journalistes, et cela sans se soucier de la véracité de l'information du moment qu'il est convaincu, et que ce dernier est convaincu, on peut dire que l'attaché de presse a manipulé le journaliste. Car le manipulateur ne se soucie que de savoir s'il a réussi à amener quelqu’un dans son objectif piégeux, à savoir ici de le convaincre (peu importe si son information est vraie ou fausse, voire même fabriquée).

Ce type de cas peut arriver dans le monde de la communication (cas de greenwashing ou social washing), et ce n'est pas choquant, car le communicant de base ne fait qu'échanger des informations via un langage ou code. A priori, il devrait etre indifférent, par définition, vis-à-vis de la manipulation. Car qu'est-ce qui empêche un manipulateur d'amener insidieusement quelqu’un vers un comportement souhaité en échangeant des informations ? Est-ce que ça ne ferait pas de lui un communicant utilisant de la manipulation ?

Mais le plus grave dans cela : l'explosion du concept de réseaux sociaux depuis les années 2000s avec Facebook et récemment l’IA avec ChatGPT en 2022, les fake news, et sans parler des pratiques douteuses possibles dans la "réalité", ouvre encore plus la porte à la manipulation de la véracité de l'information par toute personne et organisation qui communique.

2. Solution Pragmatique face à ce problème : Obliger le Communiquant se justifiez par une preuve ou une démonstration.

Bien que la communication soit parfois encadrée par des principes de liberté de presse dans certains pays comme les USA avec le premier amendement, et dans des cas plus spécifiques par des chartes éthiques des entreprises…

Mais contrairement à des domaines comme la médecine (avec la Déclaration de Genève de l’Association Médicale Mondiale) ou le commerce international (avec la CVIM), la communication, en tant que secteur, n’est pas régie par des conventions aussi solides que ceux du commerce international ou de la médecine. De plus, les chartes et même les principes régissant la communication sont flous, et chacun peut avoir une interprétation de chaque terme qui peut aller dans le sens de l’intérêt de l’organisation.

Étant donné l’ambiguïté qui régit les principes, on peut essayer de donner une "idée" pour résoudre ces ambiguïtés dans un contexte de communication, dans le cas de tout document écrit publié ou oral par un individu exerçant un métier relatif à la communication à toutes les parties prenantes concernées :

Obligation de donner des justifications, preuves à ces informations :

Si une information est citée et qu’elle n’est ni prouvée ni démontrée, on n’a donc aucune sûreté. Par conséquent, on doit rejeter ces informations.

Parmi les preuves possibles :

  • Médicale : (Voici 3 copies de documents de 3 salariés ayant été diagnostiqués de burn-out chez nous. Nous avons besoin de votre compétence en crise interne pour améliorer la cohésion sociale.)

  • Juridique : (Le Dahir de XY nous garantit mot pour mot notre droit d’organisation d’un événement à un but précis.)

  • Financière : (On a atteint de meilleurs bénéfices que l’année dernière en passant de 2 à 3 millions de bénéfice.)

  • Économique : (Le secteur de l’agriculture est la plus grande part du PIB du Maroc, c’est une grande opportunité pour nous !)

  • Politique : (Macron est devenu président de la France en 2022.)

  • Immatériel : (Nous avons 3 logiciels de Microsoft Office.)

  • Historique : (Tariq Ibn Ziyad a conquis l’Andalousie en 711.)

  • Scientifique : (La Terre tourne autour du Soleil.)

Parmi les démonstrations possibles :

  • Logique formelle (en se basant sur des références comme l’Organon d’Aristote)

  • Raisonnement valide : (Tous les communicants font du marketing, Rachid fait du marketing, mais cela ne veut pas nécessairement dire qu’il est communicant. Le raisonement est valide ✅ )

Parmi celles à refuser :

  • Sophisme : (Tous les éléphants sont des mammifères, donc tous les mammifères sont des éléphants !)

  • Pseudo-science : (Selon l’alchimie, nous devons collaborer pour créer de nouvelles formes d’harmonie !)

Parmi les formes possibles :

On peut regrouper les preuves et démonstrations par :

  • Astérisque (*)

  • Un lien électronique collé aux propos prouvés ou démontrés

Objectifs derrière cette idée :

  • Dissuader le communicant de piéger par le langage écrit

  • Protéger la cible contre le mensonge

  • Garantir la fiabilité des propos écrits du communicant

Simulation de 2 cas récurrents :

Le cas d’une affiche publicitaire :

S’il y a une affiche où il y a écrit :
"Si tous les Marocains achètent Shampeyyy, ça veut dire que c’est le meilleur des shampoings !"

Analyse :

  • Aucune preuve :

  1. Où sont les données vérifiables qui affirment que littéralement toutes les personnes enregistrées en tant que Marocains ont acheté ce produit ?

  2. S’il veut affirmer que c’est "le meilleur des shampoings", il aurait dû sortir une preuve scientifique de ses propos (en justifiant qu’il a des propriétés naturelles innovantes et efficaces qu’aucun autre shampoing sur le marché marocain ne détient).

Le cas d'une communication de crise  :

32 personnes ont porté plainte pour mensonge auprès de Cleanium, car leur produit Detergix affirmait qu’il pouvait être un produit détergent qui peut aussi laver les murs. L’attaché de presse de Cleanium, dans son communiqué de presse, pour se défendre, au lieu de citer la bonne façon d’utiliser le produit, décide de s’attaquer au niveau de connaissance des plaignants en disant que leur plainte est injustifiée parce que la plupart des plaignants n’ont aucune connaissance chimique et ne comprennent pas pourquoi le produit est efficace.

Analyse :

  • Sophisme détecté : c’est ce qu’on appelle un ad hominem, c’est-à-dire, au lieu de défendre sa position en expliquant le produit, on préfère s’attaquer au niveau intellectuel des personnes.


3. Point de vue philosophique : Le communicant choisit la vérité et le manipulateur est esclave de son besoin de manipuler

Ce qui différencie le communicant et le communiquant qui manipule, c'est son intention. Le communicant ne fait qu'échanger de l'information via le langage ou le code, tandis que le communicant manipulateur échange des informations seulement si cela peut amener quelqu’un insidieusement vers tel ou tel comportement. Donc, il devient un communicant manipulateur à partir du moment où son intention est d’amener insidieusement quelqu’un vers un comportement voulu.

Maintenant que cela est établi : si je peux changer mon intention, si je peux avoir l’intention de faire une chose ou de ne pas faire cette chose, c’est parce que j’ai le libre-arbitre — autonomie sans aucune influence.

Concernant la différence entre le communicant et le communicant manipulateur, plus loin que l’intention, c’est la liberté de choisir entre communiquer ou communiquer en manipulant. Mais où est-ce qu’on veut en venir ? Eh bien, ce qui fait LA différence, c’est que le communicant choisit la vérité tandis que le communicant qui manipule se soumet à son désir de manipulation, on va justifié cet position.

Pourquoi le communicant choisit la vérité ?

Par définition, communiquer, c’est échanger des informations via le langage ou le code. L’information, c’est l’action d’informer quelqu’un 3 . Informer, c’est faire savoir quelque chose 4. Le savoir est un ensemble de connaissances, et la connaissance est une croyance vraie justifiée 5. Le philosophiquement vrai peut être divisé en deux catégories : 

la vérité par correspondance (est vrai ce qui correspond à la réalité via le langage)

 la vérité par cohérence (la vérité d’une proposition dépend de si elle n’est pas en contradiction avec une autre). 7

Par conséquent, le communicant qui fait le choix de communiquer fait profondément le choix d’échanger uniquement des vérités.

Pourquoi le communicant-manipulateur reste soumis à son besoin de manipuler ?

Or, le communicant-manipulateur ne se soucie pas de savoir si ce qu’il dit est véridique ou non. Tout ce qui compte, c’est que sa manipulation fonctionne. Mais pourquoi manipule-t-il ? Il manipule car il a un besoin manipuler. Pire encore, il peut faire le choix de se restreindre de répondre à ce besoin, mais il préfère rester à repondre à ce besoin, comme s’il se soumettait volontairement d’une manière permanente à ce besoin de manipuler et faire tout son possible pour en resté. On dirait même qu’il ne veut pas lui désobéir alors qu’il le peut. Cette image illustre bien la situation du communicant qui préfère rester soumis à son besoin de manipulation alors qu’il peut s’en affranchir : 

le choix de la vérité est meilleur que le besoin de manipuler.

Le choix d’échanger uniquement des vérités est meilleur, car on maintient ce choix par la volonté de maintenir cet objectif. Car, étant donné que la vérité ne va pas toujours dans le sens de nos besoins, s’il faut échanger des informations à quelqu’un mais que ces informations, une fois dites, m’empêcheront de l’amener insidieusement vers un comportement allant contre ce besoin, il fait le choix d'échanger la vérité alors qu’il aurait pu céder sous son besoin de manipuler.

De plus, la vérité en elle-même est la valeur suprême. Mais pourquoi pas l’amour, la morale, ou la santé ? Comment peut-on savoir que l’amour, la morale, la santé sont vrais ? Le savoir est un ensemble de connaissances, la connaissance est une croyance vraie justifiée. Ce qui est vrai se divise en deux types : 

ce qui est vrai par correspondance.

et ce qui est vrai par cohérence. 

Le vrai est tout ce qui est relatif à la vérité. Par conséquent, la vérité me permet de savoir que l’amour, la morale ou la santé sont vrais. Sans la vérité, je n’ai aucun moyen de savoir si ces trois valeurs sont vraies.

(Par exemple : si je suis amoureux d’une femme parce que j’ai ressenti un fort sentiment d’affection, la proposition « j’ai ressenti un fort sentiment d’affection » est vraie car elle correspond à la réalité via le langage, parce que j’ai effectivement ressenti un fort sentiment d’affection dans la réalité et que cela correspond à ma proposition fait par un langage : « j’ai ressenti un fort sentiment d’affection ».)

Comme on l’a déjà expliqué, le communicant-manipulateur se soumet volontairement à son besoin alors qu’il peut s’en échapper. Mais le pire, c’est que la manipulation ne pourra jamais être moralement bonne dès lors qu’elle s’en prend à l’honneur du communicant. Par « honneur », on entend ici l’ensemble des principes qui visent à respecter sa propre personne et celle d’autrui. Le respect, pour moi, est la considération que j’ai de moi ; pour le respect d’autrui, c’est la considération que j’ai pour l’autre.

Ainsi, amener insidieusement quelqu’un vers tel ou tel comportement est déshonorant pour soi comme pour autrui :
– pour soi, car on prend le choix de piéger l’autre pour qu’il adopte un comportement voulu. Et si c’est pour faire cela, autant le piéger directement que d’essayer de se cacher derrière quelque chose pour l’avoir. (Il vaut mieux faire le choix de piéger une armée pendant un combat pour des raisons tactiques, que de jouer le faux-ailier avec son ennemi pour gagner. Car on ne fait que piéger l’armée par une tactique réfléchie. Alors que dans l’autre cas, je joue un faux rôle : je suis prêt à volontairement ne plus me prendre en compte pour amener insidieusement mon ennemi vers un comportement qui donnera la victoire.)
– et pour autrui, car si j’ai de l’honneur, tout le monde a de l’honneur. Par conséquent, on ne manque pas de considération envers autrui. (Si je dois affronter un adversaire dans un sport, dans un match, je ne chercherai pas à utiliser des moyens pour l’amener insidieusement vers une déstabilisation ou quelque chose qui me donne un avantage. Je l’affronte à sa juste valeur sans avoir besoin de le manipuler.)

donc le Manipulateur est un déshonneur car il n'a aucune considération ni pour les autres ni pour lui-même, juste pour se soumettre à un besoin qui refuse de s'émanciper

Pour résumer cette section :

Le communicant qui choisit la vérité est meilleur que celui qui se soumet à son besoin de manipuler, car celui qui choisit la vérité maintient ce choix alors qu’il aurait pu céder sous son besoin de manipuler. Et le choix de la vérité est le meilleur choix possible, car la vérité est la valeur suprême. Sans elle, aucun moyen de savoir si toutes les autres valeurs sont vraies.

Tandis que le communicant manipulateur reste soumis à son besoin de manipuler alors qu’il peut s’en échapper. Et la manipulation est déshonorante, car il est prêt soit à manquer de considération pour sois, soit à manquer de considération pour autrui, pour juste par soumission envers son besoin.


Conclusion :

Le communicant peut être manipulateur (provocation de fake news, greenwashing). Pour contrer ce possible problème, on a proposé deux solutions Concrète, en Obligeant le communicant à prouver ou justifier ses informations. ( pour Éviter les sophismes par exemple), 

enfin Philosophiquement parlant : le communicant fait le choix d’échanger la vérité, tandis que le communicant-manipulateur reste esclave de son besoin de manipuler.

 Le communicant qui échange la vérité est meilleur, car il fait le choix de rester sur cette voie alors qu’il aurait pu céder. 

Et la vérité, en elle-même, est la valeur suprême, car sans elle, on ne peut pas connaître les autres valeurs (amour par exemple)

Alors que le communicant manipulateur, c’est limite l’inverse : il peut stopper son besoin de manipuler mais fait tout son possible pour resté manipuler. Et la manipulation, en elle-même, est déshonorante, car il manque de considération envers soi-même et autrui, pour faire tout son maximum pour se soumettre à son besoin de manipuler.


1. Communicator
2. Larousse : 6. Amener quelqu'un insidieusement à tel ou tel comportement, le manœuvrer
3. Larousse : information 1. Action d'informer quelqu'un, un groupe, de le tenir au courant des événements
4. Larousse : informer, 1. Faire savoir quelque chose à quelqu'un
5. Definition platoncienne de la conaisssance 
6. The Correspondence Theory of Truth advocated by Russell and Moore
7. The Coherence Theory of Truth

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